lundi 18 novembre 2013

Si loin, si proche

Une image d'archives ne m'appartenant pas
Il est 20 heures à Soumbédioune  sur l’autoroute de la corniche Ouest de Dakar. De la mer vers l’intérieur, souffle un vent de mousson. Visiblement, les appels des muezzins  et les chants religieux qui retentissent ça et là dans les mosquées ne dérangent personne. Ce tintamarre fait partie du vécu quotidien des Sénégalais. Tout le monde vaque à ses occupations.
A une dizaine de mètres, aux abords de la route, l’on aperçoit à gauche, une boutique à côté de laquelle se trouve un p’tit restaurant surmonté d’une base plastique transparente. A l’intérieur, une famille d’origine guinéenne qui y est installée depuis des décennies. Elle  gère le restaurant et la boutique à l’intérieur de laquelle sont bien achalandés des produits d’alimentation générale et autres articles de commerce.
Assise sur une chaine plastique, télécommande en main, Mariama Diallo et ses amis regardent la télé. Ici, les programmes suivis dans son p’tit écran sont très sélectifs : ce sont les chaines privées guinéennes d’abord, puis la RTG (la télévision d’Etat) et, enfin, les autres chaines sénégalaises et le reste du monde. D’ailleurs, il arrive très souvent que des petites altercations éclatent  entre la gérante et les clients venus se restaurer à cause du choix des programmes qui sont « imposés »à suivre à ces derniers par la maîtresse de la télécommande.
Ces programmes guinéo-guinéens qui  sont privilégiés dans la famille DIALLO font en sorte que la plupart des clients préfèrent acheter et s’en aller avec. Pour cette commerçante d’origine guinéenne, peu importe. Pour elle, l’essentiel, c’est de vivre les réalités de son pays en dépit de la distance géographique qui la lui sépare du bercail.
Mais avec les Technologies de l’Information et de la Communication(TIC) qui ont considérablement réduit cette distance et rendu possible l’interconnexion planétaire,  Mariama se sent heureuse. Nostalgique ? Oui, elle éprouve une certaine nostalgie pour son pays. Patriote ? Je n’en sais pas trop. Ce qui est sur, c’est que bien que cette famille intègre et partage la culture de son pays d’accueil qu’est le Sénégal, elle reste tout de même jalousement attachée aux valeurs culturelles de son pays d’origine. Raison pour laquelle dans cette famille, la langue poular est plus parlée que celle wolof et ce, avec beaucoup plus de plats guinéens que sénégalais.
A cela s’ajoutent, les différents sons et clips contenus dans leurs téléphones portables et qui sont pour l’essentiel des productions guinéennes. Comme beaucoup d’expatriés guinéens, la situation sociopolitique de la Guinée n’enchante pas cette p’tite famille. Il vous suffit simplement de prendre langue avec elle pour s’en rendre compte.  Elle n’apprécie pas du tout le retard économique de la Guinée avec ses multiples crises politiques qui ont ponctué et assombri l’histoire politique de ce pays pourtant réputé être un « Scandale géologique ». Cependant, comme le dit l’adage je cite : « A défaut de ce qu’on aime, on se contente de ce qu’on a ».

Pour mieux résumer ce sentiment de patriotisme, d’amour pour la nation de la plupart des Guinéens résidant hors des frontières de leur pays, l’universitaire sénégalais d’origine guinéenne, Boubacar BARRY, pur produit de l’Université de Dakar raconte : « J’ai passé deux fois plus de temps au Sénégal qu’en Guinée, mais la racine, le fondement, c’est la Guinée. » Et, « J’ai l’habitude de dire que je passe la journée avec le Sénégal et la nuit avec la Guinée. », disait-il.

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