Le
Centre de Recherche Populaire pour l’Action Citoyenne (Cerpac) est un réseau
national qui a son siège à Guédiawaye. Il s’active sur les problématiques de la
gouvernance locale et de la participation citoyenne à la gestion des affaires
publiques principalement dans la banlieue de Dakar. Pour une co-élaboration et
mise en ouvre communes des budgets participatifs municipaux, le Cerpac s’emploie
à expérimenter, depuis 1999, une sorte
de dialogue entre les élus locaux, les populations et les techniciens que sont les
organisations non gouvernementales(ONG) qui jouent un rôle d’interface entre
les mairies et les populations.
Le budget
participatif est avant tout un programme politique de gauche réfléchi par les
partis des travailleurs du Brésil pendant 20 ans avant son expérimentation en 1996 dans ce pays. Les instruments pour
mesurer le budget participatif varient d’un continent à un autre. Le choix de
la banlieue de Dakar par le Cerpac pour l’expérimentation du ce budget n’est
pas fortuit mais plutôt stratégique. En réalité, la banlieue, soutient Sidiki
Daff, président du cette structure, est le concentré des problèmes qu’il ya au
Sénégal. Elle est une zone périurbaine c'est-à-dire qui a un pied dans le monde
rural et un autre dans le monde urbain.
C’est ainsi que le
séminaire international de Dakar de 1999 convoqué par le Cerpac avait permis d’introduire pour la première fois le
budget participatif au Sénégal. Ce séminaire tenu à Guédiawaye avait réuni des Brésiliens
dont le secrétaire chargé du budget participatif de Porte Alegre, des communes
françaises (Fontaine), de Bruxelles et des communes sénégalaises. Durant deux
jours, les participants ont échangé des expériences sur le budget participatif.
Au sortir de ce séminaire, beaucoup d’élus locaux sénégalais avaient adhéré à
ce budget. Mais de nos jours, la réalité en est toute autre. « Dans nos mairies, il y a des
pratiques très anciennes caractérisées par l’opacité érigée en méthodes de gestion. Or le budget
participatif, c’est fondamentalement la transparence et l’échange d’informations
dans les manières de faire », déplore M. Daff.
Par ailleurs, la participation citoyenne
découle elle-même de la déclaration universelle des droits de l’homme de
1948 qui consacre
que : « Toute personne a le droit de prendre part à la direction
des affaires publiques soit directement, soit indirectement par des
représentants choisis par les populations ». Ainsi, pour une effectivité
de la participation citoyenne, celle-ci ne doit pas se limiter pas à la simple
consultation ou à l’information des citoyens de ce que font les élus locaux.
Elle suppose l’élaboration et la mise en
ouvre communes des budgets et programmes municipaux ainsi qu’un contrôle de l’ensemble du processus. « Depuis que nous sommes arrivés à la tête de
la ville, nous avons choisi la méthode participative. Nous avons initié la
grande réunion que tout Guédiawaye connait maintenant qu’est la journée d’étude
municipale, destinée à la préparation du budget. Au cours de cette journée,
nous invitons toutes les entités de Guédiawaye avec une question : comment
voulez-vous que votre budget soit pour l’année prochaine ? », rassure
le maire de Guédiawaye, M. Cheikh Sarr. Sur la question de la participation des
populations à l’élaboration du budget participatif dans cette municipalité, la
mairie et le Cerpac n’ont pas parlé le même langage : « Aujourd’hui,
les budgets municipaux au Sénégal sont élaborés intra-muros par les élus
essentiellement. En aucun moment, les populations participent à l’élaboration
du budget encore moins à son contrôle. Tout est laissé entre les mains de la
structure municipale qui gère, qui dépense mais qui ne rend pas compte »,
s’insurge M. Daff.
Capacitation
citoyenne
Au cerpac, on parle
rarement de formation citoyenne mais plutôt de capacitation citoyenne. Convaincu
que les populations sont porteuses de connaissances et d’expérience, le Cerpac
ne privilégie pas la formation qu’il estime une démarche directive. Elle opte
plutôt pour la capacitation qui consiste à aider ces populations à mieux
booster, capitaliser et valoriser leurs propres connaissances et expérience.
Dans ce cas, le Centre joue plutôt le
rôle d’accoucheur de savoir et non de transmetteur de savoir.
Dialogue
et échanges d’information entre les acteurs
« On n’est dans un dialogue de sourd entre
des acteurs qui interviennent dans un même espace et qui, lorsqu’ils se
rencontrent c’est en terme de conflit et non de dialogue », regrette
le président du Cerpac. Selon lui, l’absence de mécanismes appropriés de communication entre les acteurs dans
l’échange et le partage de l’information
crée une sorte de paradoxe. C’est pourquoi, dit-il, qu’il y a au Sénégal un
phénomène hyper-important auquel les gens n’y font pas attention très
souvent. « Autant les populations se substituent à l’Etat et aux
mairies dans la construction des
services publics relevant de l’Etat (des citoyens s’organisent et cotisent pour
construire des écoles, des infrastructures sanitaires… lorsque l’Etat est
défaillant) autant ces populations refusent de payer l’impôt », constate-t-il. Cette manière
de faire des populations est en réalité une prédisposition à la participation
et traduit le manque de dialogue entre les pouvoirs publics et les citoyens.
En réponse à la
mairie de Guédiawaye qui affirme avoir mis en place un site d’information pour
informer les citoyens de ses activités, le Cerpac se dit indigné et estime que «
Quand on a à faire à des populations majoritairement analphabètes, le meilleur
moyen d’information demeure la radio communautaire ».
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