jeudi 20 février 2014

Le conflit sénégalais en Casamence a-t-il une origine foncière?

Jean Claude Marut, expert en Géopolitique et chercheur associé au laboratoire en Afrique a été l'invité du Centre d'Etudes des Sciences et Techniques de l'Information (CESTI) dans le cadre des traditionnels carrefours d'Actualité. Dans son analyse sur le lien qui pourrait exister entre la question foncière dans le déclenchement de la crise en Casamence, il ressort que les conflits en fonciers ont joué un rôle déterminant dans le basculement de cette région du Sud du Sénégal.

Les lotissements  et  les affectations de terres par l’Etat ont souvent  fait l’objet d’une désapprobation  des populations de la Casamence.  Malgré que les attributions de terres soient  faites conformément à la Loi sur le domaine national, les populations quant à elles n’ont cessé de dénoncer ce qu’elles appellent le manque de concertation totale. L’adoption de cette Loi en 1964, a remis donc en cause le droit coutumier sur la terre que les populations disaient détenir. Du coup, son application a vite été perçue  comme une confiscation de leurs terres.  L’attribution de vastes Ha de terres arables à des étrangers garantie par la loi sur le domaine national a renforcé chez les populations le sentiment de spoliation de leurs terres. 
Selon Jean Claude Marut,  chercheur associé au laboratoire dans le monde et en Afrique, la question foncière a été au cœur des origines du conflit sénégalais en Casamence. Pour lui, les conflits fonciers ont sans doute un lien de causalité avec le conflit armé. 
Les conflits fonciers ont fait l’objet d’une instrumentalisation par le mouvement indépendantiste. A plusieurs reprises, le mouvement indépendantiste a mis en avant la question foncière pour organiser des mobilisations populaires. « Je ne pardonnerai pas ceux qui ont piloté le lotissement », « Nous étions devenus des étrangers à Ziguinchor où nous sommes nés...», sont entre autres parmi les slogans scandés, Lors des marches de protestation par les manifestants.
Plus de 30 ans depuis l’éclatement de cette crise, les enjeux de l’exploitation minière et forestière ainsi que le retour éventuel de plus de 60.000 personnes qui ont quitté  leur région,  les risques de nouveaux conflits fonciers demeurent latents à en croire Jean Claude Marut.

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