mardi 28 janvier 2014

Quel avenir politique pour Blaise Compaoré ?

Lors du 1er Thé Débat, sous les
manguiers à la FKA, le dimanche 26 janvier 2014.
Le premier Thé débat du dimanche de l’année 2014 a réuni ce 25 janvier, au siège de la Fondation Konrad Adenauer, à Dakar, une trentaine de  boursiers et anciens boursiers. Durant quatre (4) tours d’horloge, ces derniers ont échangé sur la révision constitutionnelle en perspective au Burkina Fasso. Le choix de ce thème par le Réseau des Boursiers et Anciens Boursiers de la FKA (REBAFKA) s’explique à la fois par l’enjeu qu’il suscite mais surtout par le fait qu’il soit un sujet d’actualité, critère fondamental pour les thés débats qui se tiennent  régulièrement à la fin de chaque mois à la dite Fondation.
Dans son introduction, le président de la REBAFKA, Machtar Casset a procédé à un briefing de la situation qui prévaut au pays des « Hommes intègres ». Par la suite, il a tenu à saluer la forte présence de nouveaux boursiers qui ont massivement répondu présents à cette première table ronde sur l’actualité. Ce qui, selon lui, traduit leur engagement à s’inscrire dans une nouvelle dynamique leur mettant d’être entièrement en phase avec les idéaux qu’ils défendent.
« Pourquoi c’est généralement dans les pays francophones de l’Afrique que l’on assiste le plus souvent à des tentatives de révisions constitutionnelles par les chefs d’Etat pour se maintenir au pouvoir ? », s’est interrogé Emmanuel Millimono, secrétaire administratif du REBAFKA et modérateur de la rencontre. Ce qui est sûr, c’est que les intervenants étaient sur une même longueur d’onde sur le fait que ce n’est pas, en Afrique, un phénomène nouveau de voir un chef d’Etat vouloir modifier la constitution limitant ses mandats pour se représenter en vue de rester au pouvoir autant de fois qu’il veut. Une situation que les boursiers n’ont pas tout de même manqué de condamner et de déplorer.
Selon le journaliste et Webmaster du site d’information « Dernière minute », Amara Soumah, tout ce débat sur une éventuelle révision du fameux article 37 de la Constitution du Burkina Fasso a été emmené par François Compaoré, jeune frère du président. Pour M.Soumah , François Compaoré est un vrai manitou de l’entourage de son frère et  demeure très influent car beaucoup le considèrent même comme le « petit président ». L’argument brandi par F. Compaoré consiste à dire que son frère a besoin d’un troisième mandat pour parachever ses chantiers  tout en sachant qu’il est au pouvoir depuis 1987. Dans ce cas, on serait tenter de se demander à quand finiront ses chantiers ?
Quant à Lazare Akpahou, il a tenté d’apporter un élément de réponse pour expliquer le départ en cascade de certains ténors que le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP), parti au pouvoir a enregistré ces derniers temps. Pour ce jeune béninois du CESTI, ces frondeurs ont choisi d’aller en dissidence parce que le président Blaise avait signé des accords avec dissidents qu’il n’a pas voulus respecter finalement. Ces accords prévoyaient qu’à l’issue de son second mandat, il devait partir et de leur laisser la place. Ce qui naturellement est loin d’être le cas. Parlant des événements qui pourraient se produire dans le futur dans l’ancienne haute Volta, Lazare laisse entendre qu’il sera difficile de présager sur ce qui pourrait éventuellement se passer. « La main qui nous dirige, c’est la France », a-t-il accusé en regrettant.
Pour  sa part, Sékouba Konaré s’est insurgé contre tout le temps que Blaise a passé au pouvoir et qu’à ce jour, on ne parle que de ses deux derniers mandats. Pour cet étudiant malien du Cesti, si Blaise Compaoré arrive à modifier la Constitution pour se représenter pour un troisième mandat, c’est pour s’éterniser au pouvoir. Son compatriote Mohamed Attaher Halidou, de son côté,  déplore l’absence de véritables politiques de gouvernance définies par les dirigeants africains. Ce juriste de formation n’a pas également manqué de dénoncer la déliquescence de institutions africaines qu’il qualifie de « coquilles vides ». Il a par ailleurs souligné que les constitutions de l’Afrique francophone ne sont qu’une simple copie de la Constitution de la Vème République française alors que, soutient-il, nos réalités sont toutes autres.
L’enjeu de cette crise qui se pointe à l’horizon au Burkina réside dans le fait que M.Compaoré craint que certains dossiers lourds de l’Etat ne le rattrape après avoir quitté le pouvoir malgré qu’il a fait voté une loi amnistiant tous les anciens chef d’Etat dans ce pays. Face à cet éventuel bras de fer qui se profile au Bukina Fasso, certains pensent que l’Union africaine et la Cédéao doivent rompre le silence et intervenir avant que l’irréparable ne soit commis.
Au terme de ces discussions asses intéressantes, caractérisées par une certaine hauteur dans les débats, plusieurs solutions ont été préconisées par les boursiers pour la consolidation et la pérennisation de la démocratie en Afrique. Ce sont entre autres :
·         L’éducation de nos peuples pour une meilleure conscientisation et changement des mentalités ;
·         La nécessité pour l’Afrique  de disposer des sociétés civiles fortes pouvant constituer des gardes fous et de contre-pouvoirs efficaces ;
·         Favoriser l’alternance au pouvoir ;
·         La mise en place des justices indépendantes ;
·         Revoir le statut, la mission et la formation de nos armées ;
·         Privilégier la non violence tout en n’excluant pas celle violente comme dernier recours. Car, comme le disait le président Abdou Diouf, je cite : « Les coups d’Etat sont imposés par la force et pourquoi ne pas imposer la démocratie par la force », fin de citation.
                                                                                                                                Mamadou Yaya Baldé


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