Lors du 1er Thé Débat, sous les manguiers à la FKA, le dimanche 26 janvier 2014. |
Le
premier Thé débat du dimanche de l’année 2014 a réuni ce 25 janvier, au siège
de la Fondation Konrad Adenauer, à Dakar, une trentaine de boursiers et anciens boursiers. Durant quatre
(4) tours d’horloge, ces derniers ont échangé sur la révision constitutionnelle
en perspective au Burkina Fasso. Le choix de ce thème par le Réseau des
Boursiers et Anciens Boursiers de la FKA (REBAFKA) s’explique à la fois par
l’enjeu qu’il suscite mais surtout par le fait qu’il soit un sujet d’actualité,
critère fondamental pour les thés débats qui se tiennent régulièrement à la fin de chaque mois à la
dite Fondation.
Dans son
introduction, le président de la REBAFKA,
Machtar Casset a procédé à un
briefing de la situation qui prévaut au pays des « Hommes intègres ». Par la suite, il a tenu à saluer la
forte présence de nouveaux boursiers qui ont massivement répondu présents à
cette première table ronde sur l’actualité. Ce qui, selon lui, traduit leur
engagement à s’inscrire dans une nouvelle dynamique leur mettant d’être entièrement
en phase avec les idéaux qu’ils défendent.
« Pourquoi
c’est généralement dans les pays francophones de l’Afrique que l’on assiste le
plus souvent à des tentatives de révisions constitutionnelles par les chefs
d’Etat pour se maintenir au pouvoir ? », s’est
interrogé Emmanuel Millimono, secrétaire
administratif du REBAFKA et modérateur de la rencontre. Ce qui est sûr, c’est
que les intervenants étaient sur une même longueur d’onde sur le fait que ce
n’est pas, en Afrique, un phénomène nouveau de voir un chef d’Etat vouloir
modifier la constitution limitant ses mandats pour se représenter en vue de
rester au pouvoir autant de fois qu’il veut. Une situation que les boursiers
n’ont pas tout de même manqué de condamner et de déplorer.
Selon le journaliste
et Webmaster du site d’information « Dernière minute »,
Amara Soumah, tout ce débat sur une
éventuelle révision du fameux article 37
de la Constitution du Burkina Fasso a été emmené par François Compaoré, jeune frère du président. Pour M.Soumah , François Compaoré est un vrai manitou de l’entourage de son frère
et demeure très influent car beaucoup le
considèrent même comme le « petit président ».
L’argument brandi par F. Compaoré
consiste à dire que son frère a besoin d’un troisième mandat pour parachever
ses chantiers tout en sachant qu’il est au pouvoir depuis 1987. Dans ce cas, on serait tenter de
se demander à quand finiront ses chantiers ?
Quant à Lazare Akpahou, il a tenté d’apporter
un élément de réponse pour expliquer le départ en cascade de certains ténors
que le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP), parti au pouvoir a enregistré ces derniers temps. Pour ce
jeune béninois du CESTI,
ces frondeurs ont choisi d’aller en dissidence parce que le président Blaise avait
signé des accords avec dissidents qu’il n’a pas voulus respecter finalement.
Ces accords prévoyaient qu’à l’issue de son second mandat, il devait partir et
de leur laisser la place. Ce qui naturellement est loin d’être le cas. Parlant
des événements qui pourraient se produire dans le futur dans l’ancienne haute
Volta, Lazare laisse entendre qu’il sera difficile de présager sur ce qui
pourrait éventuellement se passer. « La main qui nous dirige, c’est la
France », a-t-il accusé en regrettant.
Pour sa part,
Sékouba Konaré s’est insurgé contre tout le temps que Blaise a passé au
pouvoir et qu’à ce jour, on ne parle que de ses deux derniers mandats. Pour cet
étudiant malien du Cesti, si Blaise
Compaoré arrive à modifier la Constitution pour se représenter pour un
troisième mandat, c’est pour s’éterniser au pouvoir. Son compatriote Mohamed Attaher Halidou, de son
côté, déplore l’absence de véritables
politiques de gouvernance définies par les dirigeants africains. Ce juriste de
formation n’a pas également manqué de dénoncer la déliquescence de institutions
africaines qu’il qualifie de « coquilles vides ». Il a par
ailleurs souligné que les constitutions de l’Afrique francophone ne sont qu’une
simple copie de la Constitution de la Vème République française alors que,
soutient-il, nos réalités sont toutes autres.
L’enjeu de cette
crise qui se pointe à l’horizon au Burkina réside dans le fait que M.Compaoré craint
que certains dossiers lourds de l’Etat ne le rattrape après avoir quitté le
pouvoir malgré qu’il a fait voté une loi amnistiant tous les anciens chef
d’Etat dans ce pays. Face à cet éventuel bras de fer qui se profile au Bukina
Fasso, certains pensent que l’Union africaine et la Cédéao doivent rompre le
silence et intervenir avant que l’irréparable ne soit commis.
Au terme de ces
discussions asses intéressantes, caractérisées par une certaine hauteur dans
les débats, plusieurs solutions ont été préconisées par les boursiers pour la
consolidation et la pérennisation de la démocratie en Afrique. Ce sont entre
autres :
·
L’éducation de nos peuples pour une
meilleure conscientisation et changement des mentalités ;
·
La nécessité pour l’Afrique de disposer des sociétés civiles fortes
pouvant constituer des gardes fous et de contre-pouvoirs efficaces ;
·
Favoriser l’alternance au
pouvoir ;
·
La mise en place des justices
indépendantes ;
·
Revoir le statut, la mission et la
formation de nos armées ;
·
Privilégier la non violence tout en
n’excluant pas celle violente comme dernier recours. Car, comme le disait le
président Abdou Diouf, je cite : « Les coups d’Etat sont imposés par
la force et pourquoi ne pas imposer la démocratie par la force »,
fin de citation.
Mamadou Yaya Baldé
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