vendredi 6 juin 2014

Le suicide : l’affaire des « lâches » ou l’ultime recours des déçus de la vie ?



 Elle ne rate la moindre occasion pour surprendre par ses belles œuvres. La Troupe « Totok » a, hier encore, su joindre l’utile à l’agréable et a tenu toutes les promesses à la Fondation Konrad Adenauer où elle a fait l’une des plus belles prestations théâtrales de son histoire. Une prestation portant sur le suicide, un thème tabou et complexe que les scénaristes ont abordé sous plusieurs angles avec bio. L’originalité et  l’innovation de ce groupe à l’inspiration intarissable ne sont pas restées sans pénétrer la conscience des spectateurs et susciter leurs émotions.
Proscrit à la fois par l’ensemble des religions révélées et la tradition,  le suicide est un fait foncièrement culturel mais aussi un véritable tabou  social et qui n’est pas nouveau.  Malgré son caractère prohibé, le suicide est pourtant un phénomène  très répandu  et rencontré  chez tous les peuples du monde. Pire, il ne cesse de prendre, ces dernières décennies, des proportions inquiétantes.
Dans leur pièce, les scénaristes ont abordé la problématique en racontant l’histoire de trois individus qui ont écourté leur vie pour des raisons diverses. Pour l’histoire de la première personne, il s’agit d’un ancien employé d’une société qui a finalement perdu son boulot. Cette perte de travail s’est très vite suivie de déboires mais aussi d’une perte de considération aussi bien dans famille qu’au sein de la société. Cette déception due à la perte de son boulot a poussé ce père de famille à « précipiter  sa vie ».
Pour le deuxième personnage, c’était  l’histoire d’une fille qui s’est livrée à la prostitution et qui, par la suite, a été maltraitée, humiliée par un de ses clients, une situation à la quelle elle n’a pas pu surmonter, a décidé de mettre fin à ses jours.
Enfin, l’histoire du troisième personnage s’agit d’un terroriste qui commettait des actes criminels au nom de la religion. Pour lui, le fait d’orchestrer des attentats auxquels lui  et d’autres innombrables innocents périront, augmente ses chances d’aller au paradis.
Sur les causes qui poussent certains humains à commettre des actes suicidaires, les éléments de réponse varient d’une communauté à une autre. D’ailleurs, pour le commun des mortels,  rien ne peut justifier le suicide « Seul les lâches écourtent leur vie », soutient ironiquement un des scénaristes. Cependant, certains  dans certains communautés, nous apprend-on, les hommes n’hésitent pas à « précipiter leur vie » au nom de leur dignité et honneur qu’ils n’aimeraient guère perdre. Autres fléaux qui peuvent conduire au suicide sont, entre autres, l’adultère, la prostitution, l’introversion qui s’explique par le refus de se confier quand on fait face à des situations particulières de la vie.
Pour sa part, Mme Bocandé, avant d’introduire les scénaristes a laissé entendre que « le suicide, banni par toutes les religions, est entouré par des tabous ». Poursuivant, elle a tenu à rappeler  que « Le suicide est aussi un grand problème en Europe ». Et pour terminer, elle en a invité les uns et les autres au pardon, à la tolérance et de ne pas seulement se limiter  à condamner le phénomène.
De son côté, l’enseignant Dama Cissoko de Ziguinchor, scénariste et invité par la Fondation, s’est réjoui de cette prestation. Il estime que le groupe a réussi à faire passer un message « A travers cette pièce, on a posé des problèmes. Nous avons identifié les actes suicidaires et pensons avoir atteint la conscience du spectateur », s’est-il félicité. Une chose est sûr, les suicides ne peuvent en aucune façon constituer une réponse aux maux dont souffre la société.
Depuis une dizaine d’années, la troupe « Totok » en partenariat avec  Fondation Konrad Adenauer, se penche sur des problématiques socioculturelles contemporaines, à travers lesquelles elle véhicule des idéaux de paix, de démocratie ainsi que des valeurs citoyennes.





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