Elle ne rate la moindre occasion pour
surprendre par ses belles œuvres. La Troupe « Totok » a, hier encore, su joindre l’utile à l’agréable et a
tenu toutes les promesses à la Fondation Konrad Adenauer où elle a fait l’une
des plus belles prestations théâtrales de son histoire. Une prestation portant
sur le suicide, un thème tabou et complexe que les scénaristes ont abordé sous
plusieurs angles avec bio. L’originalité et
l’innovation de ce groupe à l’inspiration intarissable ne sont pas
restées sans pénétrer la conscience des spectateurs et susciter leurs émotions.
Proscrit à la fois par l’ensemble des religions
révélées et la tradition, le suicide est
un fait foncièrement culturel mais aussi un véritable tabou social et qui n’est pas nouveau. Malgré son caractère prohibé, le suicide est
pourtant un phénomène très répandu et rencontré chez tous les peuples du monde. Pire, il ne
cesse de prendre, ces dernières décennies, des proportions inquiétantes.
Dans leur pièce, les scénaristes ont abordé la
problématique en racontant l’histoire de trois individus qui ont écourté leur
vie pour des raisons diverses. Pour l’histoire de la première personne, il
s’agit d’un ancien employé d’une société qui a finalement perdu son boulot.
Cette perte de travail s’est très vite suivie de déboires mais aussi d’une
perte de considération aussi bien dans famille qu’au sein de la société. Cette
déception due à la perte de son boulot a poussé ce père de famille à « précipiter
sa vie ».
Pour le deuxième personnage, c’était l’histoire d’une fille qui s’est livrée à la
prostitution et qui, par la suite, a été maltraitée, humiliée par un de ses
clients, une situation à la quelle elle n’a pas pu surmonter, a décidé de
mettre fin à ses jours.
Enfin, l’histoire du troisième personnage s’agit
d’un terroriste qui commettait des actes criminels au nom de la religion. Pour
lui, le fait d’orchestrer des attentats auxquels lui et d’autres innombrables innocents périront,
augmente ses chances d’aller au paradis.
Sur les causes qui poussent certains humains à
commettre des actes suicidaires, les éléments de réponse varient d’une
communauté à une autre. D’ailleurs, pour le commun des mortels, rien ne peut justifier le suicide « Seul
les lâches écourtent leur vie », soutient ironiquement un des
scénaristes. Cependant, certains dans
certains communautés, nous apprend-on, les hommes n’hésitent pas à « précipiter
leur vie » au nom de leur dignité et honneur qu’ils n’aimeraient
guère perdre. Autres fléaux qui peuvent conduire au suicide sont, entre autres,
l’adultère, la prostitution, l’introversion qui s’explique par le refus de se
confier quand on fait face à des situations particulières de la vie.
Pour sa part, Mme Bocandé, avant d’introduire les
scénaristes a laissé entendre que « le suicide, banni par toutes les religions,
est entouré par des tabous ». Poursuivant, elle a tenu à
rappeler que « Le suicide est aussi un grand
problème en Europe ». Et pour terminer, elle en a invité les uns
et les autres au pardon, à la tolérance et de ne pas seulement se limiter à condamner le phénomène.
De son côté, l’enseignant Dama Cissoko de
Ziguinchor, scénariste et invité par la Fondation, s’est réjoui de cette
prestation. Il estime que le groupe a réussi à faire passer un message « A
travers cette pièce, on a posé des problèmes. Nous avons identifié les actes
suicidaires et pensons avoir atteint la conscience du spectateur », s’est-il félicité. Une chose
est sûr, les suicides ne peuvent en aucune façon constituer une réponse aux
maux dont souffre la société.
Depuis une dizaine d’années, la troupe « Totok »
en partenariat avec Fondation Konrad
Adenauer, se penche sur des problématiques socioculturelles contemporaines, à
travers lesquelles elle véhicule des idéaux de paix, de démocratie ainsi que
des valeurs citoyennes.